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Channel: Montréal – les parenthèses
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Les retours et puis les jolies choses.

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Le retour est dur. Très dur, pour pas vous mentir. En fait, pour être vraiment franche, depuis que je suis rentrée – vendredi matin – j’ai pleuré à peu près trente deux mille quatre cent sept fois. À peu près. J’ai le nez tout irrité et les tonnes de crème que je mets dessus avant d’aller me coucher, tant pis si j’ai l’air d’une débile avec ça sur la moustache (je n’ai pas de moustache)(c’était juste pour l’image, oh) changent pas grand chose, vous savez.

J’​ai commencé à peu près plein d’articles qui parlent de l’expatriation, de ces doutes qui reviennent inexorablement (j’adore ce mot, inexorablement)(dès que je dis ce mot, j’ai la chanson de Goldman, inexorablement, elle attend, lalalalalaaaa)(bref), donc ces doutes qui reviennent tout le temps, quand on rentre à la maison. Et quand on revient à la maison. Et de cette difficulté à savoir vraiment où c’est, la maison et c’est quand, partir et c’est quoi, revenir, et de la difficulté à encaisser le trop-plein d’émotion, celui qui arrive quand on revoit des gens qu’on aime et qu’on a malheureusement pas l’occasion de voir tous les jours. Des mille fous rires en quelques minutes, comme pour condenser le temps passé sans, de la boule dans la gorge qui se forme quand on dit au revoir, à bientôt, alors qu’on sait pertinemment que ce bientôt il veut rien dire du tout, parce qu’on sait jamais quand ce sera, et des larmes qui perlent quand on est tout seul après ça, qu’on regarde son billet d’avion et qu’on comprend plus vraiment, à quoi ça sert, tout ça.

Et de tout le reste, de cette sensation de découverte de chaque jour, quand on est dans son pays d’adoption, qui prend souvent le dessus sur tous les petits tracas de quand on est loin, mais qui, au moment du retour, veut soudainement plus rien dire, de ce curseur qu’on sait plus où placer, à quel moment l’éloignement devient trop dur à supporter, à quel moment la vie qu’on a construit loin remplace les ancrages qu’on avait avant, à quel moment sous prétexte d’une qualité de vie matérielle supérieure, on peut décider que ça suffira, de voir si peu souvent les gens qu’on aime, ça fait un an et sept mois qu’on s’est pas vus, ah oui, c’est beaucoup, oui, c’est beaucoup trop.

Bref, à peu près plein d’articles qui ont pas arrangé mes envies de pleurer et de prendre un billet d’avion, aller simple s’il vous plait, je serai plus capable de pleurer à nouveau si je devais rentrer ou repartir, vous voyez bien, on sait plus où on en est.

Sauf que j’ai décidé que j’allais plutôt garder mes larmes pour moi – et pour les amis qui m’apportent tantôt du chocolat et du houmous, tantôt des noix de cajou et du Perrier pour m’aider à oublier – et que j’allais tâcher de me concentrer sur les petites choses qui, tout de même, font sourire quand on les retrouve en rentrant. Ou en revenant.

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Il y a eu la neige, presque à la sortie de l’avion. Passé le moment d’étonnement – la neige mi-octobre, je m’y attendais pas vraiment vu l’hiver tardif qu’on avait eu l’an passé – j’ai souri grand comme ça. La neige, j’aime bien, ça veut dire le retour des joues rosies par le froid qui donnent bonne mine, ça veut dire le retour sur les pistes de ski, ça veut dire la reprise du snowboard, ça veut dire la reprise des runs dans le froid, ceux qui piquent le nez mais qui rendent vivants à la fin.

Il y a les nouveaux bonnets qu’on peut acheter, vous savez, je voue une passion aux bonnets (je crois que l’une des raisons pour lesquelles au début, j’ai dit oui à Montréal, c’était parce que je savais que j’allais pouvoir passer 9 mois de l’année avec un bonnet sur la tête)(les hipsters en portent 12 mois sur 12, mais moi j’ai quand même un peu chaud en juillet, alors je garde mon amour pour les hivers)(par contre j’ai des casquettes à fleurs pour l’été). J’ai donc célébré la première neige avec un bonnet blanc à pompon. Il est beau.

Il y a eu la nouvelle page du calendrier des pompiers, qui quand même, vaut à elle seule un retour au bureau (même si, pour être sincère, octobre est plutôt décevant) et il y a eu aussi retrouver les copains au travail, ceux qui m’engueulent parce que je viens pas leur dire bonjour tout le temps et oui, ils ont raison, je sais bien, et je compense mon côté sauvage du bonjour par des cappuccinos, les meilleurs du Mile End (mais c’est moi qui le dis), et il y a l’odeur de pain chaud, quand j’ouvre la boulangerie le lundi à 6h30, les yeux encore un peu fermés.

Il y a cette couleur que j’ai choisie dans mon salon, qui me rend toute calme quand je la regarde, c’est un peu comme si j’avais collé la couleur de la mer sur le mur de la porte d’entrée (ou de sortie, allez savoir) et ça fait du bien. Je suis à ça d’y dessiner des petits poissons et des arcs-en-ciel pour être tout à fait heureuse, mais j’ai peur que tout ceci ressemble vaguement à une exposition d’école maternelle, je reste donc sage sur ce côté.

Il y a, bien sûr bien sûr, la reprise du yoga avec A., cette prof tellement douce et bienveillante avec nous, qui nous apprend à commencer à l’être un peu envers nous-mêmes aussi. Chaque cours a sa petite leçon à méditer et vous savez quoi, je crois que j’en sors un peu plus grandie à chaque fois, quand je range mon tapis de yoga avec un sourire. Cette semaine, c’était une histoire de trouver le juste milieu entre agir avec son cerveau et son cœur, et bien sûr, bien sûr, il se peut que tout ceci m’ait donné un peu envie de pleurer, encore.

Évidemment aussi, il y a le retour des courges sur les étals du marché (même si en ce moment, le marché pour moi, c’est le supermarché, en fait), et par extension, LE RETOUR DES COURGES RÔTIES. Pour l’occasion, j’ai nettoyé mon four (j’avais réellement besoin de m’occuper l’esprit en revenant, comme vous pouvez le voir)(mais c’était une mauvaise idée, nettoyer un four, c’est vraiment chiant), j’ai acheté un nouveau couteau-qui-coupe et j’ai fait une razzia pour acheter plein d’huiles et d’épices différentes qui vont en plus me permettre de mettre sur pied un petit projet que j’ai en tête depuis l’an passé.

Et pour finir, il y a cette citation de Saint-Exupéry, que j’ai lue sur la couverture du magazine Flow – magazine parfait – qui m’a beaucoup parlée, plus que jamais je crois bien et que je me suis bien évidemment empressée de recopier, de manière un peu brouillon c’est vrai, pardon.

avenir


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